

Jon Barron (c.c.)
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Jon Barron fait partie, avec David Colorfield et Bentley Verdoodt, du Chocolade Collectief. En unissant leurs forces, ils ont tenté de repenser leur position dans la scène artistique contemporaine.
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Dans le doux relief du paysage, l'installation crée en quelque sorte une perturbation, qui peut attirer l'attention sur l'environnement. Les ballons vous font bouger et modifient vos attentes. Qu'espériez-vous voir et entendre ici, dans ce village, pendant le parcours artistique ? Que pensiez-vous découvrir avec vos applications Plantnet, Polarsteps et Birdnet à portée de main ?
Il s'agit également d'une recherche sur le « terrain d'entente » entre la pratique de Nora De Decker et celle de Bjorn Pauwels. Dans leur pratique individuelle, ils travaillent tous deux à partir de la forme spatiale, mais chacun à partir d'un point de vue différent.
Cette collaboration fait ses premiers pas sous le nom de Jon Barron, un anagramme de Nora et Bjorn, et avec Bentley Verdoodt et David Colorfield, Jon Barron fait partie du
Chocolade Collectief.
LIEU / ŒUVRES D’ART
15. GOET TE BREUCK
Five slightly similar ideas, 2025.
Une série de grands ballons roses gonflés.
Micha Baudenelle
1972 (BE)

Micha Baudenelle est né et a grandi à 't Kiel, à Anvers, où sa passion pour l'art s'est éveillée très tôt. Ce sont les œuvres de Fred Bervoets qui lui ont ouvert les yeux sur le monde de l'art. Son influence est depuis lors une source d'inspiration constante et la raison pour laquelle elle a commencé à envisager d'utiliser l'art comme langage.
Baudenelle : « L'art est un moyen de me raconter des histoires, sans que les autres aient besoin de les comprendre. Mes œuvres sont des dialogues personnels, issus d'un besoin intérieur de trouver un sens plus profond. J'ai également découvert ce sentiment d'expression dans la musique. À partir de l'âge de quinze ans, j'ai organisé avec mon frère des festivals de musique avec des groupes internationaux de psychobilly et de punk. Cette période a fortement influencé ma vision créative et m'a appris à embrasser différentes formes d'expression. »
Baudenelle puise son inspiration dans tout ce qui l'entoure : des maîtres anciens aux artistes contemporains, du figuratif à l'abstrait. Bien que l'humour transparaît parfois dans ses œuvres, celles-ci montrent plutôt les côtés sombres de l'humanité. Il ne s'agit pas d'un message conscient, mais plutôt d'un reflet de sa perception. Le processus créatif l'aide à équilibrer la tension entre son monde intérieur et son monde extérieur.
En tant qu'artiste, Baudenelle ne souhaite pas seulement explorer son propre monde intérieur, mais aussi inciter les autres à réfléchir. Il ne cherche certainement pas à donner des réponses, mais plutôt à susciter des questions et à libérer des émotions profondes et authentiques.
Dans le diptyque The wealth’s shackled burden l'artiste évoque les personnes qui ne se sentent pas à leur place dans notre société ou qui ne comprennent pas comment les êtres humains se comportent avec leurs semblables pour des raisons de richesse, de pouvoir ou de peur de les perdre. Il s'agit de l'impuissance que certains individus ressentent dans notre société occidentale. Certains perçoivent notre « monde occidental libre » comme une dictature de la richesse. Brûler de l'argent symbolise la protestation contre cette idée. Il ne s'agit pas tant d'une idéologie ou d'une déclaration politique ou économique, mais plutôt de montrer comment l'homme pense et de mettre en évidence la frustration de certains lorsqu'ils réalisent qu'ils sont eux-mêmes coupables de cette situation.
Le personnage qui se trouve dans l'extravagante poissonnerie dans A Fish Among Us est en réalité un sans-abri de son quartier que Micha Baudenelle a utilisé comme modèle. « Ce tableau me sert à me rappeler que la vie devrait être plus que de la consommation. Là encore, il ne s'agit pas de protestation ou de vouloir changer l'opinion de quelqu'un. Mes peintures servent uniquement à me rendre conscient de ce qui se passe autour de moi et à ne rien prendre pour acquis. »
LIEU / ŒUVRES D’ART
8. WAFFELAERT
The wealth’s shackled burden, 2023
Huile sur toile, techniques mixtes, cadre en aluminium
A Fish Among Us, 2023
Huile sur toile de lin, cadre en aluminium
Ruben Bellinckx
1975 (BE)

Ruben Bellinckx crée dans ses films, dessins, installations et maquettes des conditions propices à des rencontres insolites entre des éléments vivants et inanimés de nature très différente.
Il s'intéresse aux frontières floues et réalise des performances qui repoussent les limites de l'impossible. Elles plongent le spectateur dans des situations étranges, surprenantes et significatives, qui cachent souvent un drame existentiel. Bellinkx met ainsi en évidence les relations inégales et les mécanismes de conditionnement et de domestication.
À deux endroits du jardin à Goet Te Breuck, le sol s'ouvre et se referme lentement. À l'aide de coussins d'air, de ventilateurs à commande électronique et d'un compresseur d'air, le sol oscille doucement d'avant en arrière. L'artiste met ici en scène un phénomène naturel artificiel contrôlé. D'une part, l'œuvre a un effet apaisant et presque méditatif sur le spectateur, d'autre part, elle nous fait réfléchir à notre rapport avec la terre. Une terre qui est de plus en plus perturbée et qui s'en prend de plus en plus violemment au monde humain. La nature et sa perception ou son observation sont tellement influencées par l'homme et la technologie que la distinction entre ce qui est naturel et ce qui est artificiel est de plus en plus remise en question. En la laissant respirer, l'artiste nous invite à réfléchir à cette question.
LIEU / ŒUVRES D’ART
8. WAFFELAERT
The City Garden, 2002
Installation in situ, 2 coussins d’air en caoutchouc, deux valves à commande électronique et un compresseur d’air, Hopstreet Gallery
Guillaume Bijl
1946–2025 (BE)

Guillaume Bijl est un artiste autodidacte. Il a suivi une formation théâtrale et a travaillé successivement comme décorateur et peintre. À partir de la seconde moitié des années 70, il a délaissé la peinture pour se consacrer à la création d'installations, de sculptures et de compositions tragicomiques, inspirées par la banalité de notre société de consommation.
En présentant des magasins entiers, des salles de sport, des salons de toilettage pour chiens, des sites touristiques... comme des installations artistiques, le public est confronté aux structures et aux institutions qui façonnent notre monde, notre identité en tant qu'êtres humains. Bijl voulait mettre en évidence l'acceptation aveugle des réalités suggérées par les consommateurs, les citoyens, les touristes et même les amateurs d'art en amplifiant le caractère artificiel des situations quotidiennes. La frontière attendue entre l'art et la vie est fortement déformée. Dans ses compositions, il a rassemblé des objets kitsch et bon marché trouvés ici et là et les a présentés comme s'il s'agissait de reliques de notre époque, conservées pour l'avenir comme des trésors inestimables, soulignant ainsi le lien absurde que les gens entretiennent souvent avec les objets matériels. En combinant une critique effrontée avec beaucoup d'humour, le spectateur se voit servir une bonne dose de Guillaume Bijl difficile à ignorer.
SORRY est l'une de ses dernières œuvres de la série SORRY, dans laquelle l'artiste s'est accordé plus de liberté en ce qui concerne la forme réaliste qui caractérise son œuvre. Encore plus absurde, encore plus humoristique que la réalité qui nous entoure.
LIEU / ŒUVRES D’ART
24. CAFÉ MAURICE
Sorry, 2025
Mixed media, Keteleer Gallery​
Mouad El Bissaoui
1996 (MA)

Mouad El Bissaoui est un artiste conceptuel multidisciplinaire. Il est diplômé de l'Institut national des arts modernes de Tétouan. Sur un ton sarcastique, il réfléchit aux jeux et défis politiques contemporains ainsi qu'aux techniques de manipulation dans les domaines politique, économique et social.
Grâce à sa large palette artistique composée de différentes techniques (dessins, installations, performances, etc.), Elbissaoui déconstruit les langages et les récits dominants qui portent atteinte à l'individu et rendent les histoires plates et uniformes.
Inspiré par la poésie arabe, dont il admire la composition et l'éloquence, il intègre également le langage dans son art.
« J'ai commencé à explorer les possibilités du fusain lors d'un projet dans lequel j'ai étudié la relation symbolique entre le jeu d'échecs et la violence politique. J'ai représenté les traces de la violence réelle sur un pion afin de suggérer la dialectique entre le jeu et le sérieux dans l'action politique d'où découle la violence. C'est de là que vient ma pratique du fusain : un processus qui commence par la sculpture de pièces d'échecs en bois, qui sont ensuite carbonisées jusqu'à devenir des masses de carbone ressemblant à des pions. »
Cette série de dessins Union des colonnes sur le site Hoekwinkel n’est pas seulement pour son savoir-faire technique, mais aussi parce qu'elle parvient à interpréter de manière poétique des thèmes tels que la disparition, la mémoire et la transformation. Les dessins indépendants représentant des colonnes décoratives sont reliés entre eux par des clôtures et des barbelés, mais ils montrent également qui est enfermé derrière quel filet : le spectateur ou le prisonnier ? L'artiste s'inspire souvent de la poésie marocaine et traduit les images qu'elle lui évoque en questions sociales et politiques.
LIEU / ŒUVRES D’ART
3. HOEKWINKEL
Union de colonnes, 2024
Série de quatre dessins au fusain
Dirk Braeckman
1958 (BE)

Dirk Braeckman est un artiste qui, avec ses photographies en noir et blanc, calmes et énigmatiques, interroge et redéfinit constamment le médium photographique. Ce n'est pas le moment de la prise de vue qui est au centre de son travail, mais l'ensemble du processus de traitement de l'image jusqu'à l'image finale. Il explore ainsi le médium de la photographie avec une approche picturale où le processus de traitement de l'image occupe une place centrale.
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ECHTZEIT #123-24, sur le site Hoekwinkel, est une œuvre issue de ses récentes recherches sur les archives photographiques du FotoMuseum (FOMU) à Anvers. Des images existantes de la collection du musée ont été rephotographiées, retouchées et appropriées par son langage visuel unique. L'appropriation (ou l'attribution) d'images fait depuis longtemps partie de son œuvre, mais elle a pris une nouvelle dimension avec l'exploration des archives photographiques du musée. Le résultat est une œuvre intrigante et complexe qui invite à ralentir, à regarder attentivement et à embrasser l'ambiguïté.
LIEU / ŒUVRES D’ART
3. HOEKWINKEL
ECHTZEIT#123-24, 2024
Impression jet d’encre Ultrachrome sur aluminium, encadrement en acier inoxydable
Tim Van Laere Gallery
Jake & Dinos Chapman
1966 / 1962 (VK)

Les frères britanniques Jake et Dinos Champan ont connu leur percée en 2008 après avoir acheté treize aquarelles et dessins d'Adolf Hitler pour les retoucher ensuite avec des arcs-en-ciel et des étoiles. Ils ont baptisé leur Gesammtkunstwerk If Hitler Had Been A Hippy How Happy Would We Be. Depuis, ils sont connus comme « les enfants terribles » de la scène artistique britannique et cherchent délibérément à repousser les limites de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas. Leurs œuvres sont souvent considérées comme choquantes ou provocantes, avec des références à des mutilations ou à la pornographie.
L'émoji souriant sur leur bannière World Peace Through World Domination accueille les visiteurs comme s'il voulait leur annoncer qu'ils pourront bien rire en chemin. « Quand les gens parlent de notre travail, ils oublient parfois qu'il est drôle à 99 % et qu'il comporte 1 % d'autre chose. Le plus évident, c'est qu'il est drôle, et ce qui est drôle, c'est que les gens veulent le prendre au sérieux », disent-ils eux-mêmes. Mais aussi : « L'idée de créer un art optimiste et convivial est totalement absurde, car en général, le monde est un endroit horrible. »
LIEU / ŒUVRES D’ART
1. KERKPLEIN
World peace through world domination
Bannière textile
Dominiek Colpaert
1983 (BE)

Dominiek Colpaert peint, réalise des œuvres graphiques et construit des installations. Il rassemble tout cela dans sa propre petite « Factory ». C'est avec humour et recul qu'il a baptisé cet atelier « Topstudio's ».
Les peintures de Dominiek Colpaert montrent des scènes construites qui oscillent entre le reconnaissable et l'étrange. Dans des formats compacts et avec un langage visuel sobre, il représente des environnements abandonnés, des interventions architecturales et des objets à caractère symbolique ou nostalgique. L'utilisation de peinture acrylique sur panneau et un style pictural maîtrisé confèrent aux œuvres une qualité presque maquettistique, où des paysages fictifs et des éléments quotidiens se rejoignent dans une atmosphère calme et intemporelle.
Son style est à l'image du paysage : discret, mais concentré, où les maisons jouent le rôle principal et où la réalité est relativisée. À travers son art, il souhaite échapper au banal en
élevant le quotidien au rang d'œuvre d'art. Son œuvre contient un délicieux paradoxe de tristesse et d' humour et est complétée dans cette installation par des géraniums sur le rebord de la fenêtre. Dominiek Colpaert représente de manière poétique et ludique le désir de transcender le quotidien, en esquissant un monde surréaliste dans lequel l'ordinaire des choses est amplifié.
LIEU / ŒUVRES D’ART
13. BRUCQSTRAAT-KOOIGEMSTRAAT
Een kleine kans op een groot succes, 2025
Dix peintures différentes, acrylique sur panneaux :
De zwarte rotsen, 2019
‘t Vuyl Hemde, 2019
Nooit gedacht, 2024
Boven de grijze wolken, 2025
Een kortstondig moment van exponentiële groei, 2025
Hier heeft de mens gewonnen, 2025
Rustigheidstraat, 2025
Déjà vu, 2025
(nog) zonder titel, 2025
Lunapark ‘Arcadia, 2024
Ilke Cop
1988 (BE)

Ilke Cop s'inscrit dans une tendance figurative contemporaine où le corps féminin n'est plus représenté à travers le regard de l'autre, mais revendique sa place dans son propre récit. À travers ses peintures, elle pose des questions sur la représentation, l'image et la place de l'artiste féminine dans l'histoire de l'art. « L'activisme est également un pilier important de ma pratique. En tant que membre de Hyster-x, un collectif féministe belge pour les créatrices et les créateurs non binaires, je trouve nécessaire de créer des espaces alternatifs où nous pouvons changer certaines structures de l'intérieur. Au fil des siècles, les femmes et les groupes marginalisés ont prouvé que la persévérance et la force des idées peuvent changer le monde. »
Deux peintures à l’huile de la série Hardcore/Softspore sont exposées sur le site Goet Te Breuck. Dans cette série, elle réinterprète la « Genèse », où traditionnellement un dieu masculin crée l'ordre à partir du chaos, et se positionne comme une créatrice féminine qui représente une alternative multiple.
Le champignon est ici le motif visuel et conceptuel, symbole de connexion et de résilience. Les champignons offrent un moyen d'englober le monde entier dans un réseau étonnant et insondable, tel une artère pour la vie sur Terre.
LIEU / ŒUVRES D’ART
15. GOET TE BREUCK
Hardspore II, 2024
Huile sur toile de lin,
Tatjana Pieters Gallery
Hardspore IX, 2024
Huile sur toile de lin,
Tatjana Pieters Gallery
Leo Copers
1947 (BE)

Leo Copers construit depuis le début des années 70 une œuvre vaste et envoûtante, qui comprend des sculptures, des installations, des peintures et des dessins. Leo Copers a d'abord été un pionnier dans la recherche conceptuelle, mais il a rapidement évolué vers une installation d'objets extrêmement originale, créant des associations surréalistes et étranges à partir d'un choix illimité de matériaux.
Ses œuvres sont souvent provocantes et poétiques, même s'il garde toujours une certaine distance en tant qu'artiste. Sa présence est palpable, mais il est impossible de déterminer la relation qu'il entretient avec le thème de l'œuvre. Il jongle avec les idées et les systèmes symboliques existants, séduit le spectateur par ses tours de passe-passe, puis le laisse désemparé, avec un sourire aux lèvres, en recourant à des oppositions, à la déconstruction et à des tensions artificielles.
Dans son œuvre, les thèmes du danger, de la destruction et de l'éphémère reviennent sans cesse. Ceux-ci sont abordés de manière dualiste : une mise en scène dramatique est représentée de manière poétique. Pour ce faire, l'artiste utilise des objets du quotidien qu'il complète, modifie ou isole. Copers ne compose pas son œuvre sans une certaine ironie, il la crée de manière stratégique. Les objets utilitaires sont sélectionnés en fonction de leurs attentes spécifiques. Cependant, ces attentes sont immédiatement déjouées par un changement minime apporté au contexte.
Le choix des matériaux suggère certes un danger, mais aboutit à une image étrange et romantique. Le thème de la menace et de la tension revient ainsi régulièrement, mais est représenté de manière esthétique. Un autre aspect qui renforce ce thème est la tension entre les éléments. L'artiste s'intéresse aux forces de la nature telles que l'eau, la lumière et le feu, et recherche un équilibre entre elles.
Il a suivi une formation artistique en tant qu'artiste plasticien à la Sint Lucas-hogeschool et à l'Académie des Beaux-Arts de sa ville natale, Gand. Il a été cofondateur, en 1967, du groupe Nieuwe Rococco.
En 2002, Leo Copers a présenté pour la première fois son VIPAG ou Prison publique individuelle automatique volontaire, une cage avec des barreaux, destinée à être placée dans l'espace public. On peut s'asseoir dans la cellule et fermer les barreaux, comme pour s'imposer une peine de prison. La prison publique automatique individuelle mobile, ici sur le site Café de France, est une sorte de pilori moderne de 80 × 80 centimètres et de 2 mètres de haut. Jetez-y une pièce et vous pouvez vous enfermer volontairement pendant quelques minutes. Déclarez-vous coupable envers vos semblables et purgez votre peine. L'expiation n'a jamais été aussi amusante.
Les couleurs de l’arc-en-ciel de sa deuxième œuvre, roggbiv, sur le site Sint-Denijsplaats, De « roggbiv » à « lgbtq+ », les moyens mnémotechniques mènent pas à pas vers la connaissance, la découverte, l'exploration. Non seulement à proximité, mais aussi au loin. Hier et aujourd'hui. Au Café Maurice, nous voyons également un certain nombre de dessins et d'esquisses de son idée de 1968 pour Regenboog zebrapad (Passage piéton arc-en-ciel) réalisés au stylo à bille et au crayon de couleur sur du papier quadrillé ou à l'encre, avec des lettres adhésives et des crayons de couleur sur papier. « Chaque jour une nouvelle idée. » C'est avec cette déclaration que Leo Copers s'est démarqué de ses contemporains conceptuels depuis la fin des années 1960. Contrairement aux artistes conceptuels, la création d'une œuvre d'art ne s'arrête pas pour lui à la découverte d'une nouvelle idée. Il considère que sa réalisation matérielle est tout aussi essentielle. Il est donc connu pour ses commentaires critiques et souvent ironiques sur le monde de l'art et le monde qui nous entoure.
LIEU / ŒUVRES D’ART
24. CAFÉ MAURICE
Remake van de straat, 1968 (68/1)
Encre, lettres adhésives, crayon de couleur sur papier
Keteleer Gallery
Regenboog zebrapad, 1968 (68/4)
Stylo à bille et crayon de couleur sur papier quadrillé
Keteleer Gallery
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25. CAFÉ MAURICE
VIPAG - Vrijwillige Individuele Publieke Automatische Gevangenis, 2000 - 2001
Cage en métal
Keteleer Gallery
Ronny Delrue
1957 (BE)

Ronny Delrue tient un journal de dessins qui sert de base à ses créations. Les dessins constituent la base de ses sculptures. Selon Delrue, un portrait est un paysage et un paysage est un portrait, qui cache au moins autant qu'il révèle. Une image naît souvent d'une anecdote ou d'un trait de crayon, mais acquiert ensuite quelque chose d'universel, elle devient une image reconnaissable qui est pourtant différente de toutes les autres images. L' artiste dénonce souvent ce qu'il appelle la « pollution » denos esprits, qui obscurcit la pensée. D'où ces têtes enfermées dans un ballon ou ces corps enroulés dans du fil barbelé.
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L'installation Casa del tempo sur le site Huisje Spiereweg s'intègre parfaitement dans la maison située sur le Spiereweg, au cœur du village. Elle y est enfermée depuis des années et ouvre désormais ses portes : le petit chemin devant la maison, pavé de grandes pierres plates, l'ancien espace de vie du bâtiment et le jardin créent une tension entre apparition et disparition. Dans les pièces du rez-de-chaussée, les peintures à l'huile de la série Blood on the hands font référence aux événements peu réjouissants qui se déroulent dans les zones de guerre. Nous entendons le tic-tac de l'horloge No more hours, but eternity ,mais nous ne voyons ni aiguilles ni division du temps. Nous voyons des références au salon d'autrefois, la plus belle pièce qui était uniquement destinée à être admirée et dans laquelle on ne pouvait pratiquement pas entrer, dans la moquette rouge et l'abat-jour rouge. Aujourd'hui, le spectateur se promène dans cet espace intime. L'atmosphère chaleureuse a cependant un côté tranchant. L'horloge a vu le jour lorsque l'artiste a vu sa mère pour la dernière fois après son décès et qu'un texte d'adieu lui a été lu, avec la phrase « pour vous, il n'y a plus d'heures, mais l'éternité ». L'armoire Lost memories est également remplie de souvenirs disparus. Les carreaux peints à l'extérieur disparaissent dans l'intérieur noir comme du charbon du meuble : Après un temps, il n'y a plus de souvenirs. Une petite table délabrée a été rafraîchie avec un drap blanc brillant sur lequel ses années de vie ont été brodées au point de croix rouge. Et à travers la
vue de l'intérieur vers l'extérieur, le buste en bronze regarde devant lui : Fading memory, à leur président. Une pierre qui se trouve là depuis des années est discrètement posée sur la route étroite. Seul le texte gravé, rehaussé de peinture rouge Was, Is, Will be (Était, Est, Sera) y est désormais inscrit.
LIEU / ŒUVRES D’ART
22. HUISJE SPIEREWEG
Casa del tempo SDC, 2025
Installatie
Bram Demunter
1993 (BE)

Bram Demunter est peintre et a suivi sa formation à Gand, à Sint-Lucas et à l'HISK. Il vit à Courtrai. Le travail de Bram Demunter porte sur nous, les êtres humains, et la place que nous occupons dans le monde, les mythologies que nous créons autour de nous, les récits et les cultures visuelles qui émanent de nous, ainsi que les changements que nous provoquons dans la nature et dans notre vision du monde.
Demunter fouille dans notre histoire et établit de nouveaux liens. Des récits obscurs, des symboliques oubliées, l'iconographie chrétienne, des mythes et légendes, des événements contemporains et des anecdotes tirées de la littérature sont ainsi associés de manière surprenante.
Demunter ne se contente pas de regarder vers le passé, il relie également ces aspects à notre présent et à son propre environnement. Grâce à cette synthèse entre le présent et le passé, il parvient à créer un langage visuel tout à fait unique. Un langage visuel qui s'inscrit non seulement dans la lignée d'artistes tels que Rogier Van der Weyden et les Primitifs flamands, mais aussi d'artistes tels que Matthew Paris et James Ensor. À partir de ces éléments, Demunter a développé un univers qui lui est propre, où différentes histoires issues de ses propres recherches, collections et fascinations prennent un nouveau sens.
Le tableau La chute des damnés, accroché au mur, parle de nous, les humains, et de la place que nous occupons, des mythologies que nous créons autour de nous, des récits et des cultures visuelles qui émanent de nous, ainsi que des changements que nous provoquons dans la nature et dans notre vision du monde. Avec de la peinture à l'huile, il semble remplir entièrement la toile et, avec un certain sens de l'« horror vacui », il explore non seulement notre peur du vide, mais aussi notre histoire, y établissant de nouveaux liens qui vont des récits obscurs, des symboles oubliés, de l'iconographie chrétienne, des mythes et légendes aux événements contemporains et anecdotes marginales de la littérature.
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT- GENESIUSKERK
Val der Verdoemden, 2015
Peinture à l’huile sur toile, cadre noir
Galerie Tim Van Laere
Stefaan Dheedene
1975 (BE)

Stefaan Dheedene vit et travaille à Gand en tant qu'artiste conceptuel et professeur invité à la KASK Gand.
Dheedene s'intéresse à la fonctionnalité. Il crée des objets sans prétention et produit principalement, mais pas exclusivement, des sculptures et des installations. Son travail révèle un intérêt particulier pour le lien esthétique et politique entre les images, les formes, les objets et leurs qualités artisanales.
Son travail explore en profondeur la relation intime entre similitude et différence. La plupart de ses images sont issues d'une répétition ou d'un réarrangement d'images et d'objets extrêmement reconnaissables.
Pour Dheedene, les objets doivent rester reconnaissables et concrets, mais ils tendent, grâce à un réagencement minutieux, vers une autonomie physique et visuelle. Ils sont tous créés de manière isolée et forment souvent ensemble, sous la forme d'une exposition, un dispositif réglé, un lieu organisé.
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Dans l’œuvre SUN SET, située à Goet Te Breuck, une poutrelle, un socle, un tréteau et un projecteur sont réunis dans un équilibre précaire pour construire un coucher de soleil.
Alors que nous ne pouvons normalement observer ce phénomène atmosphérique qu'à l'horizon au crépuscule, l'artiste nous propose ici une installation qui nous permet de profiter du crépuscule à tout moment de la journée.Plus qu'une nécessité constructive, il s'agit ici de la méthodologie artificielle de l'affichage. Sous cette forme, cette œuvre suit la poétique de Stéphane Mallarmé. « Chaque poème est une mise en page qui abstrait un schéma de base du spectacle de la nature », dit Jacques Rancière à propos de ces poèmes. « Ce sont toujours des schémas d'apparition et de disparition, de présence et d'absence, de déploiement et de repliement. » Dans toutes ses œuvres, l'artiste accorde une grande importance à l'utilisation d'objets fonctionnels et sans prétention, avec un intérêt particulier pour le lien esthétique et politique entre les images, les formes et leurs qualités artisanales. Les objets doivent rester reconnaissables et concrets, mais tendent, grâce à un réaménagement minutieux, vers une autonomie visuelle. Un coucher de soleil qui dure, une nature mallarméenne qui se laisse apprécier jusqu'au crépuscule. Les objets doivent rester reconnaissables et concrets, mais tendent, grâce à un réaménagement minutieux, vers une autonomie visuelle. Un coucher de soleil qui dure, un phénomène naturel malléable.
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La vidéo CRYSTAL, située aux emplacements Brucqstraat-Kooigemstraat, est un enregistrement de Cyrille Nkoa répétant l’aria latine Agnus Dei dans une composition de Georges Bizet, sur la montagne Febé près de Yaoundé, au Cameroun. Febé est une chaîne de montagnes bien connue entre les quartiers de Mbankolo et Bastos, qui surplombe le quartier chic de Yaoundé. Le nom « Febé » signifie « vent » dans la langue locale Ewondo et vient du fait qu'il y souffle effectivement beaucoup de vent. Dans ce décor de jungle, le chanteur noir entonne une prière qui, dans la tradition chrétienne, est chantée pendant la messe lorsque le prêtre rompt le pain sacré : « Agnus Dei, qui tollis peccata mundi, miserere, miserere nobis. Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde, aie pitié de nous. » Dans cette œuvre, nous ne pouvons ignorer les dissonances de l'histoire de la mission chrétienne en Afrique, tout comme le monastère bénédictin suisse qui héberge désormais des moines à Mont Febé. L'œuvre de Stefaan Dheedene explore en profondeur la relation intime entre ressemblance et différence et réorganise des images, des sons et des personnes reconnaissables. Il met ici en lumière la construction d'une image postcoloniale dans laquelle le chanteur Cyrille Nkoa reprend la confession, la vit intensément et la renvoie. Cela ressemble à une image documentaire, mais c'est une mise en scène étudiée.
LIEU / ŒUVRES D’ART
15. GOET TE BREUCK
SUN SET, 2012
Acier, bois, peinture laquée, projecteur de découpe, trépied.
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16. BRUCQSTRAAT-KOOIGEMSTRAAT
CRYSTAL, 2002
Installation vidéo
Marijn Dionys
(BE)

Dionys est artiste et designer, formé en tant que designer d’intérieur et designer de meubles à la Thomas More Hogeschool de Malines. Il utilise des matériaux simples et courants (de construction) tels que la brique, le bois et le béton pour créer ses installations. Celles-ci font souvent référence à l'architecture et à l'environnement de vie en Flandre/Belgique, à l'aide d'éléments reconnaissables sous forme miniature. Les miniatures (maquettes ou créations personnelles) peuvent être considérées comme un moyen de rendre le monde un peu plus clair.
L’œuvre wachtgevel, située à Hoeve de Rode Poort, consiste en un lourd bloc de béton suspendu au-dessus d’une maison miniature, une typique maison flamande ancienne avec deux façades aveugles. De par sa forme, le bloc de béton suspendu suggère un bâtiment, même si cela n'est pas tout à fait clair. Cela peut indiquer un avenir plein d'espoir (construire en hauteur, permettant à l'ancienne maison de survivre) ou cela peut indiquer le poids menaçant qui pèse sur l'ancienne maison qui va être écrasée.
Dans l’œuvre Pavés, située à Waffelaert, cinq ensembles de treize vieilles briques chacun forment un motif en demi-pierre reconnaissable.Ce motif omniprésent peut également être considéré ici comme un plan de rue, car les briques ont été travaillées comme des façades sur les côtés courts. Chaque petite maison a été sculptée selon la même répartition (1 porte, 3 fenêtres), mais chacune est différente car il s'agit de vieilles briques qui présentent chacune leurs propres anomalies/usures. Tout comme de nombreuses maisons mitoyennes sont identiques, mais restent individuelles. L'ensemble repose sur 3 dalles de béton, un matériau que l'on retrouve souvent dans le jardin de ce type de maisons. Les dalles de béton font également référence aux nombreuses pistes en béton en Belgique.
LIEU / ŒUVRES D’ART
15. GOET TE BREUCK
Wachtgevel, 2022
Beton, maison mitoyenne en modèle réduit, socle
​8. WAFFELAERT
Straatstenen, 2009
​65 vieilles briques, 3 vieilles dalles en béton
Valerie Doutreluingne
1981 (BE)

Valerie Doutreluigne est architecte et artiste plasticienne. La nature et l'impact de l'homme sur celle-ci jouent depuis longtemps un rôle important dans le travail de Doutreluingne. Elle remet constamment en question son influence en tant qu'être créatif sur l'environnement dans son travail d'architecte. Le paysage, l'environnement, le sol, la verdure et les manifestations existantes de la nature constituent pour elle une base de construction.
Dans son travail plastique, elle déconstruit ces phénomènes. Dans ses œuvres antérieures, elle cherche à peindre ce qui se passe en arrière-plan. Des mains humaines ont créé une oliveraie en Espagne ; elle n'y trouve pas d'idylle, mais seulement une structure et la façon dont un cerf égaré y trouve son chemin. (Painting for a deer) Dans catch of the day!, il ne reste du poisson frais que les entrailles et les lignes. La main de l'homme y intervient de manière presque tangible.
Dans le quintuple Stream of Consciousness à Goet Te Breuck, elle explore les ruisseaux bétonnés de sa terre natale. Elle a réalisé cette œuvre monumentale in situ, pendant une longue période de sécheresse. Les conséquences de la crise climatique se font sentir jusque dans ces canaux de drainage entre les champs et les routes. Le caractère brutaliste d'un tel ruisseau rectiligne s'impose ici sans détour au spectateur. Il n'est pas question ici d'une nature idyllique comme le ventre maternel. Dur et vide, ce cours d'eau emporte non seulement l'eau rare des champs, mais aussi nos pensées, qui roulent par à-coups sur le paysage bosselé, à contre-courant. L'horizon est vaguement visible, mais n'offre aucune perspective. Ici et là, la lumière et le vert printanier jouent un jeu prudent. Tout espoir n'est pas perdu.
Son atelier à Sint Denijs peut être visité sur rendez-vous via info@valeriedoutreluingne.be
LIEU / ŒUVRES D’ART
15. GOET TE BREUCK
Stream of consciousness, 2025
Peinture à l’huile sur toile de lin
Joëlle Dubois
1990 (BE)

Joëlle Dubois est connue pour ses peintures colorées, simples et accessibles qui capturent avec justesse la manière dont l'homme moderne évolue dans une société de plus en plus individualiste. Dans son travail, elle aborde des thèmes tels que le genre, la féminité, la sexualité, la diversité et le fétichisme. Dans ses œuvres récentes, elle se concentre sur des thèmes plus personnels, tels que les émotions liées à la perte de sa mère et le deuil qui l'accompagne. La disparition et, finalement, la perte de l'individualité et de l'identité sont donc présentes dans toutes ces œuvres. Alors que ses peintures étaient auparavant très colorées, Dubois opte désormais plus souvent pour une approche monochrome, utilisant une seule couleur dominante par œuvre, en accord avec l'état d'esprit qu'elle souhaite exprimer.
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Six toiles monumentales de Joëlle Dubois sont suspendues à un fil à linge entre des poteaux de plusieurs mètres de haut, à l’emplacement Weide Staande Wip. Ces toiles portent la phrase « Hi birds, do you remember my mother? ». Pour cette exposition, elle s'est inspirée de l'environnement et a choisi de prendre une direction poétique et intime. Du linge blanc suspendu à la corde, flottant au vent. C'est une image que l'on voit souvent à la campagne. Pour elle, cela évoque des souvenirs de sa mère, de sa grand-mère, de générations de femmes qui étendent soigneusement le linge. C'est une scène quotidienne qui dégage à la fois beauté et mélancolie. En agrandissant cette image familière sur des toiles de 2,9 mètres sur 4, Joëlle Dubois la transforme en un hommage monumental. Ainsi, elle devient non seulement visible pour les passants, mais aussi symboliquement pour sa mère décédée. Le vent qui souffle à travers les draps devient un vecteur de souvenirs, un murmure aux oiseaux qui emportent son message dans les airs.
LIEU / ŒUVRES D’ART
19. WEIDE STAANDE WIP
Hi birds, do you remember my mother?, 2025
Toiles imprimées, Keteleer Gallery
Anthony Duffeleer
1972 (BE)

Anthony Duffeleer utilise divers médias pour visualiser ses schémas de pensée. Les objets sont choisis, créés, combinés ou manipulés en raison de leur caractère archétypal.
Il considère ses œuvres comme des interlocuteurs réfléchis qui captent les vibrations de notre société et de notre pensée. Son travail offre une porte d'entrée pour explorer la condition humaine, mettant à nu les paradoxes existentiels et l'absurdité de l'existence. Cela provoque souvent un sentiment de désorientation ou de malaise chez le spectateur, qui est confronté à la réalité de l'existence humaine, sous une forme parfois déformée mais intrigante. Le titre de l'œuvre constitue une partie subtile mais essentielle de celle-ci. Il aide le spectateur à comprendre l'œuvre et à la déchiffrer couche par couche, en fonction de ses besoins personnels. Il arrive parfois qu'un titre soit modifié, même après que l'œuvre ait changé de propriétaire. Après tout, les réflexions évoluent, et Duffeleer considère ses œuvres comme des notes – parfois pragmatiques, parfois teintées d'humour – sans aucune prétention d'éternité.
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YARTPTYD dans l’église Sint-Dionysius & Sint-Genesius est un panneau lumineux avec le texte : YOU ARE READING THIS PRIOR TO YOUR DEATH. La phrase défile lentement en lumière LED rouge de droite à gauche et fonctionne comme un memento mori contemporain. Cette œuvre nous rappelle que même ce moment fait partie de notre finitude. La forme choisie — un média quotidien pour la publicité ou les annonces — contraste avec le contenu existentiel. Duffeleer soulève ici des questions sur la manière dont la technologie influence notre communication : comment des médias froids peuvent déshumaniser les messages, même lorsqu’ils abordent des questions essentielles de la vie. Une invitation silencieuse mais urgente à la conscience.
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L’œuvre Gij, située à Hoekwinkel, consiste en un socle majestueux portant un agneau empaillé. Entre deux vitrines, l’agneau, les yeux bandés, est seul mais élevé dans l’espace. Il s’agit d’une installation qui invite à la réflexion dans ce cadre typiquement rural où la vie villageoise se manifeste dans toutes ses variantes. L’agneau est un symbole religieux ancien d’innocence et de sacrifice et se tient les yeux bandés sur un socle d’église antique. Là où l’Agneau mystique dans l’iconographie capte souvent le regard du spectateur pour une confrontation spirituelle, cela est ici impossible, confrontant le spectateur à la tension entre foi et aveuglement, adoration et silence. Le socle élève, tandis que le bandeau ôte tout contact. La combinaison de l’agneau empaillé, du socle et du bandeau est sans équivoque : il ne s’agit pas d’une glorification du passé, mais d’une relecture critique. Cela se retrouve aussi dans les espèces de moutons représentées sur les murs, dont les yeux sont barrés d’une bande d’encre noire. Ces tableaux, avec les « moutons » soigneusement rangés, sont esthétiquement agréables, mais suscitent également des questions sur la manière dont les processus inévitables de changement à la campagne, ici et ailleurs, sont vécus. Les animaux ne sont plus des objets d’étude scientifique, mais forment un groupe sans regard, sans voix. Le titre Them marque un déplacement : d’une classification apparemment objective à une distinction subjective et morale, passant d’un ordre scientifique à une interprétation idéologique.
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT- GENESIUSKERK
YARTPTYD, 2021
Écran lumineux LED électronique, Rik Rosseels Gallery
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3. HOEKWINKEL
Gij, 2025
Agneau empaillé, bandeau, socle d’église antique, plaque nominative en laiton
Rik Rosseels Gallery
Filip Dujardin
1971 (BE)

Filip Dujardin est photographe d'architecture et artiste plasticien. Son travail artistique s'inspire de la signification de l'architecture en tant que phénomène culturel. Cela se traduit par différents médias tels que la photographie, les collages photo numériques, les installations spatiales et les objets.
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La nouvelle installation Tent pour Sint-Denijs City 2025 est la suite de l’installation Sequences S-D, réalisée lors de la précédente édition du parcours artistique. Ici, la brique de construction rapide archétypale est à nouveau utilisée comme matériau de base, mais réarrangée dans une construction de cordes de briques suspendues qui se rejoignent dans une colonne centrale et sont fixées en cercle sur le site. Il en résulte une sorte de construction de tente ouverte entre et sous laquelle les gens peuvent marcher.
Une telle tente est généralement destinée à servir d'abri temporaire pour les cirques itinérants, où acrobates, clowns et dompteurs se produisent devant le public. Ici, à Sint-Denijs, la tente est plutôt une invitation ouverte à explorer les environs, à évoquer, à travers des briques archétypes et universelles, qu'il considère parfois, en tant que photographe, comme des « pixels » dans le monde analogique, un espace élémentaire dans lequel les gens pouvaient marcher, autour et en dessous (à leurs propres risques) et ainsi faire l'expérience d'un espace primitif (une hutte primitive) dans lequel ces mêmes personnes peuvent jouer un rôle comme des acteurs.
LIEU / ŒUVRES D’ART
20. WEIDE ACHTERAAN
Tent, 2025
Tube en acier, câble d’acier, briques
Krystel Geerts
1993 (NL)

Krystel Geerts se concentre sur des sculptures et installations, inspirées par l’architecture et la mémoire. Dans son travail, elle joue avec la frontière entre réalité et illusion, explorant comment les souvenirs et l’imagerie façonnent notre perception du monde. Elle utilise divers matériaux tels que l’argile, le polyester et la résine acrylique, et traduit des images digitales issues de sa mémoire en formes tangibles et physiques.
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Le bas-relief en porcelaine Traces of a Memory se déploie dans ce jardin sauvage à Daeleweg comme un monument baroque, avec des lignes ondulantes évoquant des courants de vent ou des trajectoires d’oiseaux qui ne laissent pas de traces, contrairement à nos avions.
LIEU / ŒUVRES D’ART
7. DAELEWEG
Traces of a Memory, 2025
Porcelaine
Daan Gielis
1988-2023 ( BE )

Les œuvres de Daan Gielis (1988–2023) représentent nos conflits émotionnels et nos luttes pour trouver une cohérence. À partir de sa propre expérience d'une grave maladie auto-immune, Gielis a exploré les contradictions de l'existence humaine : l' imbrication du bonheur et du chagrin, les désirs comblés qui ne font que susciter de nouveaux désirs. Sa pratique se caractérisait par une attitude punk et un sens aigu du détail.
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La sculpture Orb dans l’église Sint-Dionysius & Sint-Genesius s’inspire de Le Misanthrope (1568) de Pieter Bruegel l’Ancien. Ce tableau historique est un commentaire sur son époque : un homme se détourne du monde, mais pendant ce temps, il se fait voler. Le voleur a été réalisé par Daan Gielis à partir de feutre et de mousse, puis encapsulé dans une sphère surmontée d'une croix, également appelée « globus cruciger » : un symbole fragile du pouvoir temporel et ecclésiastique. Comme s'il voulait nous dire : nous sommes devenus des voleurs et avons accumulé un pouvoir et une prospérité presque indestructibles, mais maintenant nous sommes coincés et nos couteaux sont émoussés. L'interaction entre le personnel et le générique, entre la décadence et la résilience, était un fil conducteur dans sa pratique artistique et dans cette chapelle avec la mère et l'enfant, d'autant plus frappante qu'elle rappelle son exposition « Maman, tu n'as pas besoin de pleurer ».
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT- GENESIUSKERK
Orb, 2021
Mousse synthétique, feutre
Martine Gutierrez
1989 ( US )

Le travail de Martine Gutierrez porte souvent sur l’identité et sur la manière dont la perception de soi se forme, s’exprime et se perçoit. Elle a ainsi réalisé des clips musicaux, des campagnes d'affichage, des films, des photographies, des performances et un magazine de mode satirique dans lesquels elle explore l'identité en tant que construction sociale et expression authentique de soi.
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Dans l’œuvre Body and Thrall, elle est portraiturée elle-même, accompagnée d’un mannequin à l’apparence plutôt masculine, présenté comme un Adam et une Ève contemporains. « Les magazines, les revues et les réseaux sociaux sont les
codes dont s'inspire la prochaine génération. Ce n'est pas parce que je suis une femme transgenre de couleur que vous pouvez me mettre dans l'ombre. Donnez-nous l'autonomie sur notre propre image, afin que nous puissions au moins exprimer nos propres idées au lieu d'être absorbées par le courant dominant. »
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT- GENESIUSKERK
Body and Thrall, 2018
Tirage photo, Ryan Lee Art gallery
Tom Herck
1984 (BE)

Tom Herck est un artiste multidisciplinaire connu pour son langage visuel provocateur et ses installations critiques envers la société, où religion, consommation et culpabilité s’entrechoquent.
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L’œuvre Do Not Cross, située au Kapelletje et dans le pré de la Moenseweg, est une nouvelle version de son installation précédemment contestée Holy Cow : une vache crucifiée en polyester est présentée dans une posture latéralement effondrée sur une terre brûlée, évoquant un sentiment de destruction et de profanation. Autour de l’œuvre, une basse clôture en bois avec des surfaces rouges et noires inclinées, inspirée du ruban de signalisation souvent utilisé par la police, encercle l’installation. Au milieu des champs et prés, peupliers, bouleaux, haies et granges, cette « scène de crime » est très présente et domine l’environnement. L’installation est conçue comme une véritable scène de crime, équipée de quatre marques de preuves non numérotées. Ces marques rappellent celles utilisées lors d’enquêtes médico-légales, mais au lieu de faire référence aux quatorze stations traditionnelles du chemin de croix, elles indiquent les quatre attaques réelles contre des versions antérieures de l’œuvre. Pour l’artiste, elles renvoient aux lignes de fracture sociétales, aux dilemmes éthiques autour de la production de viande et de la consommation alimentaire, la crucifixion étant un symbole universel de souffrance et de sacrifice. L’œuvre invite à réfléchir sur notre rapport aux animaux, aux images religieuses et aux limites du tolérable. Elle nous rapproche des questions liées à la dynamique globale de l’agriculture industrielle actuelle et à nos propres habitudes alimentaires.
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Au Bassin Spiere-Helkijn se trouve The Fisherman. Once We Ruled The World. Il s’agit d’un squelette humain colossal (représentant l’ego de l’homme) qui pêche un plésiosaure grandeur nature (un reptile marin éteint) avec un câble USB, un connecteur standard pour périphériques informatiques. Cette scène absurde soulève des questions sur la nature de notre espèce, l’homme actuel, présent sur cette planète depuis seulement 300 000 ans, déjà maître de la Terre, alors que les dinosaures se sont éteints il y a des millions d’années. L’œuvre, placée près d’un plan d’eau, invite à la contemplation : sur notre vanité, notre mortalité et notre place entre passé (dinosaure), présent (Homo sapiens) et futur (câble USB et révolution numérique).
LIEU / ŒUVRES D’ART
5. KAPELLETJE EN WEIDE MOENSEWEG
Do not cross, 2025
Polyester, acier, bois​
26. BASSIN SPIERE-HELKIJN
The Fisherman. Once We Ruled The World, 2024-2025
Polyester et acier
Herwig Ilegems
1962 (BE)

Herwig Ilegems a étudié à l'Institut Supérieur des Arts Dramatiques d'Anvers et est professeur invité en théâtre au Conservatoire Royal d'Anvers. Ilegems a joué en tant qu'acteur freelance dans de nombreuses productions théâtrales, cinématographiques et télévisuelles. Il est auteur, directeur artistique et réalisateur de la série télévisée 'Duts', nominée en 2011 pour la meilleure comédie au Festival de télévision de Monte-Carlo. Il est co-auteur et réalisateur de la série télévisée en noir et blanc 'Clinch', qu'il a créée pour Canvas.
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Le film Head to Head est une installation audiovisuelle montrant comment Herwig Ilegems tente d'établir un contact avec des animaux (coq, paon, bouc, bœuf, âne, alpaga, grand-duc, buffle d'eau et autruche). Il se place face à eux, non pas avec une vision humaine supérieure, mais dans une perspective d'égalité. Il pose délicatement son front contre le bec, le nez ou le front de l'animal.
Sans paroles, il renverse les relations classiques entre l'homme et l'animal. Avec chaque animal, il commence à la même hauteur des yeux, cherche le contact visuel, suit le regard et imite le comportement. Lorsqu'il remarque que l'animal est à l'aise, Herwig Ilegems essaie de reposer sa tête contre celle de l'animal.
Un récit mélancolique, chaleureux, intime, parfois drôle et détaché, qui exprime un grand désir de rechercher cet équilibre délicat. « En tant qu'humain, nous nous éloignons de plus en plus de la nature. Je l'ai ressenti en réalisant 'Head to Head'. Avec les animaux, j'avais l'impression d'entrer dans une autre réalité. »
LIEU / ŒUVRES D’ART
11. SCHUUR
Head to Head, 2022
Film, 91 min
Susanna Inglada
1983 (ES)

Susanna Inglada vit à Amsterdam. Son travail explore les relations de pouvoir, l'autorité, la corruption, la complicité et l'inégalité entre les sexes. Elle s'inspire de la culture catalane et espagnole, de l'histoire et de la politique qui l'entoure.
Ses installations et ses dessins fonctionnent comme les chapitres d'un récit dans lequel ces thèmes sont illustrés par des corps pressés les uns contre les autres, en proie à une lutte acharnée. Dans ces scénarios de corps contorsionnés, souvent disposés comme sur une scène de théâtre, le spectateur entre dans une scène où il est immédiatement obligé de participer en tant qu'acteur. C'est comme si vous vous promeniez dans un livre d'images réaliste et grandeur nature dont vous pouvez inventer vous-même le texte.
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Les têtes de deux sœurs émergent de la terre. Elles ne crient pas. Elles invitent. La bouche ouverte et les yeux attentifs, elles ne veulent pas avertir comme Cassandre avant elles, mais jouer. Up there Down there  n’est pas simplement une sculpture. C'est un lieu de rencontre, créé pour nous à partir de deux corps de sœurs. Une rampe incurvée s'étend entre elles comme une langue, un pont où les enfants et les adultes peuvent marcher, se reposer ou glisser.
Inspirée par l'architecture radicalement ludique des années 60, cette œuvre est un appel à créer des lieux qui stimulent l'imagination et la connexion. Les sœurs se tiennent sur le sol d'un ancien cimetière, un lieu où régnait autrefois le silence. Aujourd'hui, c'est un lieu de présence, de connexion et de joie. Elles ne parlent pas avec des mots. Mais si vous vous arrêtez un instant, vous asseyez, vous penchez ou souriez assez longtemps, vous pourriez bien entendre ce que ces sœurs ont toujours su.
LIEU / ŒUVRES D’ART
1. KERKPLEIN
Up there Down there, 2025
Peinture acrylique sur aluminium et PVC
Galerie Maurits van de Laar
Stanislas Lahaut
1979 (BE)

Stanislas Lahaut est un artiste conceptuel et minimaliste qui cherche un équilibre entre la légèreté poétique et la spontanéité désarmante. Les œuvres polyvalentes de Stanislas Lahaut s’inspirent souvent de son propre environnement. Par des interventions minimales, il ajoute une note poétique et ludique à notre réalité quotidienne. Des objets trouvés ou des situations reçoivent une subtile transformation, une nouvelle connexion qui modifie notre perception de notre propre environnement.
Beaucoup de ses œuvres reposent sur des observations simples mais intelligentes. Ses réflexions sur le monde ne sont ni condescendantes ni déterminantes, mais illustrent le mouvement oscillant entre ses expériences quotidiennes et ses réflexions sur ces observations.
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Ces œuvres polyvalentes sont riches en couches et ouvertes à de nombreuses interprétations ; elles méditent souvent sur le potentiel poétique de la vie et fonctionnent comme des observations sur la légèreté de l’existence et la ‘condition humaine’.
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Les œuvres Untitled (SLOW IS FAST ENOUGH), situées au Kapelletje & Weide Moenseweg ainsi qu’à Waffelaert, réfléchissent prudemment sur le temps qui change, sur la vie sur et avec la terre. C’est une ‘contradictio in terminis’ intrigante qui reflète notre société moderne et rapide. Elles invitent à la contemplation et incitent à une réflexion critique sur le paradoxe de la vitesse dans ce monde contemporain où la précipitation et l’efficacité sont souvent la norme. Avec le message “SLOW IS FAST ENOUGH”, il nous invite à reconsidérer la valeur du ralentissement. L’œuvre appelle à une prise de conscience de notre rythme, encourageant à lâcher la frénésie du quotidien et à valoriser les moments de calme et de réflexion. Dans un temps effréné où tout est immédiatement accessible, cette œuvre plaide pour une reconnexion renouvelée avec nous-mêmes et le monde qui nous entoure, afin que nous puissions apprécier la beauté du ralentir.
LIEU / ŒUVRES D’ART
5. KAPELLETJE & WEIDE MOENSEWEG
Untitled (SLOW IS FAST ENOUGH), 2025
Verre, néon, transformateur
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8.WAFFELAERT
Untitled (SLOW IS FAST ENOUGH), 2025
Peinture acrylique sur toile de lin
Lieven Lefere
1978 (BE)

Lieven Lefere est un photographe qui joue avec la relation entre la photographie et la réalité. La photographie est pour lui un moyen de construire une nouvelle réalité subjective où ce qui était caché est révélé. Son processus commence souvent avant même la prise de vue. Il s’inspire fréquemment de reconstructions (re)constituées de la réalité, pour lesquelles il collabore avec des scientifiques. Parfois, il crée lui-même des décors et des scènes basés sur des recherches historiques ou des souvenirs. Le résultat photographique est à la fois suggestif et déroutant, apparemment sans spectacle, mais riche de couches et de significations.
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Depuis une dizaine d’années, Lefere collabore avec le professeur Martin Smith, anthropologue médico-légal à l’Université de Bournemouth. Il travaille à partir des faits ou des vestiges issus des recherches scientifiques du professeur. À partir de 2019, Lefere suit l’excavation d’un tumulus néolithique effondré près de Cirencester, ce qui l’a inspiré à cartographier des sites néolithiques spécifiques au Royaume-Uni. La série Shadow is a Hole interroge notre relation au passé et comment l’archéologie influence durablement notre façon de penser notre identité. Chaque enquête nous pousse à revoir nos idées préconçues. Les archéologues tentent de déterminer si une pierre a été placée à un endroit donné par des processus naturels ou par la main de l’homme. Ces méthodes soulignent la tension entre processus naturels et raison humaine.
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Lefere crée l’atmosphère de ses images en travaillant de nuit avec des sources lumineuses ajoutées, transformant ainsi la scène en décor. Il capture souvent plusieurs moments dans une seule image ou utilise une longue exposition, rendant la lumière plus palpable et donnant un aspect pictural, comme un instant étiré à l’infini. Pourtant, le temps n’est pas véritablement le sujet de ses photos. Ce qui est représenté semble hors du temps. Le titre de la série Shadow is a Hole fait référence aux travaux du phénoménologue Roberto Casati, qui étudie les phénomènes de l’ombre et du creux, notant que ces deux notions sont difficiles à définir sans contradictions internes. Casati considère l’ombre comme un creux dans la lumière, reliant ainsi les deux termes. La lumière (et donc l’ombre) joue un rôle crucial dans notre perception, notamment dans la représentation du perspective. C’est aussi un outil visuel fondamental en photographie.
Beaucoup de sites archéologiques se révèlent par une perturbation locale du paysage naturel. Les archéologues doivent creuser ces creux pour dévoiler ce qui est caché. Dans sa série, Lefere explore ces contrastes : le creux en relation avec la montagne, le visible en relation avec l’invisible, et le naturel en relation avec le construit.
LIEU / ŒUVRES D’ART
4. HOEVE DE RODE POORT
Shadow is a hole / Hollow, 2022
Impression jet d’encre sur papier Photo Rag, montée sur dibond, encadrée dans un cadre en wengé avec verre antireflet
Shadow is a hole / Monolith, 2023
Impression jet d’encre sur papier Photo Rag, montée sur dibond, encadrée dans un cadre en wengé avec verre antireflet
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Shadow is a hole / Ash hole, 2022
Impression jet d’encre sur papier Photo Rag, montée sur dibond, encadrée dans un cadre en wengé avec verre antireflet
Enrique Marty
1969 (ES)

Enrique Marty crée une œuvre vaste qui englobe sculptures, peintures, aquarelles, vidéos et animations. Ensemble, ces travaux constituent une exploration de l’âme humaine et se plongent dans la complexité de l’existence.
Stylistiquement, Marty puise dans les codes des images amateures, de la communication de masse et des techniques narratives populaires, tandis que sa démarche reste ancrée dans l’enregistrement et la reproduction continue d’expériences privées et du quotidien. Plutôt qu’interpréter, l’artiste enregistre simplement, créant ainsi une sorte « d’encyclopédie » du prétendument banal, une comédie humaine complexe où se côtoient légèreté et obscurité.
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Ses sculptures, en particulier, se présentent comme des portraits tridimensionnels souvent réalisés à partir de moulages de personnes réelles. Cependant, elles dépassent la simple ressemblance et intègrent des traits de poupées ainsi que des éléments issus de la tradition occidentale de la sculpture figurative, notamment baroque. En mêlant le familier et l’inconnu, Marty invite le spectateur à repenser notre rapport au corps humain, à l’identité et au passage du temps.
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Les œuvres De Profundis s’inspirent de la cathédrale Notre-Dame d’Anvers et évoquent également certains éléments de la cathédrale de Cologne. Le premier livre d’art que Marty eut entre les mains étant enfant portait sur Pieter Paul Rubens, ce qui a nourri une fascination durable tant pour l’œuvre de Rubens que pour les édifices religieux. Dans ces deux panneaux, il intègre à l’huile, à la tempera et à l’aquarelle des figures qui renvoient à des œuvres classiques, et insuffle vie à l’espace à travers des oiseaux — hiboux et paons — semblant s’échapper d’un autel croissant tel un chêne.
Marty met aussi en valeur le jeu de lumière, canalisant l’interaction entre lumière naturelle, teintes des vitraux, bougies et projecteurs dans les scènes représentées. Il souhaite ainsi inviter le visiteur à réfléchir sur notre vision de l’homme et du monde, et à s’immerger dans la beauté profonde et silencieuse d’un tel lieu historique.
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT-GENESIUSKERK
De Profundis, 2024
Huile, tempera et aquarelle sur panneau
Keteleer Gallery
Nadia Naveau
1975 (BE)

Nadia Naveau vit et travaille à Anvers. Dans ses sculptures et installations, elle fait dialoguer souvenirs personnels et collectifs à travers un jeu d’images, de symboles, de textures, de couleurs, d’échelles et de modes de présentation. Ses œuvres rappellent souvent des assemblages qui stimulent l’imagination et ouvrent de nombreuses histoires. Tout au long de sa carrière, l’artiste entretient un dialogue ludique avec son propre travail.
Ses sculptures sont généralement des points de rencontre entre des éléments très variés et des parties stylisées et abstraites.
Chaque sculpture puise ses origines dans une double source : d’une part, sa vaste collection de photographies, photocopies, coupures de journaux et magazines, ainsi que des fragments issus de livres d’occasion ; d’autre part, une inspiration instinctive puisée dans des motifs et souvenirs allant des vestiges de la Grèce antique aux dessins animés Disney de son enfance. Son œuvre a été décrite comme « Bernini rencontre Les Simpson », une formule accrocheuse qui ne saurait pourtant capturer toute la complexité de sa pensée, mais traduit bien l’absurdité relative et l’humour audacieux qui habitent sa démarche et sa pratique artistique.
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Roman Riots est une réinterprétation contemporaine de la « Centauromachie », le combat mythologique entre les Lapithes et les Centaures, souvent représenté lors d’une scène de mariage dans l’art classique grec. Cette sculpture figurative, réalisée en polyester et acier, est typique du vocabulaire formel composite de Nadia Naveau. Elle crée un mécanisme d’engrenages auquel sont suspendus divers fragments d’images : Apollon coiffé d’un casque de moto, un centaure avec un casque de plongée, une Rolls Royce remarquablement présente, ainsi que le personnage de dessin animé Popeye le marin.
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Cette sculpture séduisante et surprenante résulte d’un équilibre maîtrisé entre couleurs, formes, matériaux et échelles. En mêlant influences classiques et contemporaines à des éléments absurdes, elle donne vie à une œuvre dynamique et ludique. Roman Riots relie le passé au présent et invite à reconsidérer la relation précaire entre l’homme et l’animal à travers un prisme nouveau et original.
LIEU / ŒUVRES D’ART
15. GOET TE BREUCK
Roman Riots, 2018
Epoxy en Inox
Base Alpha Gallery
Bart Stolle
1974 (BE)

Bart Stolle combine, dans sa pratique artistique, le film d’animation avec la peinture et le dessin, la sculpture et le son. Depuis ses débuts, il réunit ses œuvres sous l’intitulé « Low Fixed Media Show » : une agence publicitaire fictive qui représente à la fois son propre travail artistique et une entreprise artistique alternative spécialisée dans le divertissement.
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À une époque où nos capacités empathiques et créatives sont mises à rude épreuve par l’abondance de stimuli numériques, Stolle opte délibérément pour une pratique à la fois analogique et numérique, dans laquelle la lenteur artisanale occupe une place centrale.
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La peinture Little Giants, visible au lieu Waffelaert, est construite selon des règles qu’il s’impose, comme éviter de placer du noir directement sur du bleu. Le bleu cobalt et l’orange de cadmium reviennent fréquemment — les premières couleurs industrielles du textile — et Stolle adopte un langage formel du début du modernisme qui lui permet de dire le plus possible avec le minimum de moyens.
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Au Café In de zon, le film d’animation Darwinian Symphony explore les similitudes entre la logique informatique et l’esprit humain. Stolle est convaincu que les ordinateurs ne prendront jamais la place des artistes et que les algorithmes ne peuvent remplacer la créativité humaine. Ici, comme dans ses peintures et dessins, il joue avec la tension entre des images générées numériquement et le travail manuel sous-jacent.
LOCATIE / KUNSTWERKEN
8. WAFFELAERT
Little Giants, 2009
Huile et vernis sur toile
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9. CAFÉ IN DE ZON
Darwinian Symphony, 2016
Film d’animation, 06:19’
Stijn Stragier
1976 (BE)

Stijn Stragier est architecte, photographe d’art visuel et artiste numérique. De subtiles anomalies dans le contenu incitent le spectateur à remettre en question ses hypothèses spontanées sur l’espace et la structure, sur les personnes et leur environnement. Dans son travail, Stijn explore la fine frontière entre réalité et virtualité, utilisant des technologies telles qu’un scanner 3D corps entier qu’il a construit lui-même, la photogrammétrie et des images de synthèse complexes. De véritables photos de scènes surréalistes à des environnements générés par ordinateur très réalistes, chaque série invite le spectateur à la fascination et au doute.
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Stijn Stragier a déjà présenté son œuvre KONDO lors de Sint-Denijs-City 2023. Avec son travail actuel SOLAR, il approfondit le thème de la production de masse et de l’indifférence. Jean-Marc Jancovici, écologiste français et inventeur du terme « empreinte écologique », attribue une des causes de l’indifférence humaine au striatum, la partie de notre cerveau qui nous récompense avec de la dopamine, par exemple lors du défilement sur smartphone. Nous cherchons une satisfaction à court terme et apaisons notre conscience avec des innovations telles que les voitures électriques et les panneaux solaires. Cependant, le striatum nous empêche de nous arrêter profondément sur les problématiques géopolitiques des matières premières, de la circularité et des conséquences à long terme.
Le support de SOLAR est constitué de panneaux solaires usagés. Dans le monde, sept milliards de panneaux solaires sont en usage. Une grande partie approche la fin de son cycle de vie. Globalement, seulement dix pour cent des panneaux solaires abandonnés sont partiellement recyclés, le reste finit dans une décharge.
LIEU / ŒUVRES D’ART
4. HOEVE DE RODE POORT
SOLAR, 2025
Impression UV sur panneau solaire
Roeland Tweelinckx
1970 (BE)

Roeland Tweelinckx crée des sculptures et des interventions site-specific, s’inspirant d’objets du quotidien. Il joue subtilement avec l’environnement et notre perception. Cette voiture, par exemple, possède un fort effet trompe-l’œil, provoquant une légère confusion tout en invitant à perturber notre manière conditionnée de regarder. L’artiste n’utilise pas d’« objets trouvés », mais navigue entre l’idée de reproduction et la fonctionnalité irrémédiablement perdue dans cette œuvre.
Au site Hoek Moenseweg Daeleweg, un véhicule semble s’être posé presque par hasard sur son capot.
L’œuvre In the middle of a doubt donne au caractère rural de la région une touche de tension, un peu comme le stress que nous emportons dans nos trajets quotidiens de la maison au travail et que nous voudrions laisser derrière nous. Les embouteillages harassants, les soucis domestiques, le poids à défaire de nos épaules. Retourner le monde, et hésiter sur la direction à prendre… après cette pause, après les vacances et l’été ? Ou décidons-nous aujourd’hui déjà d’en finir ?
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Avec le panneau de signalisation How did I get here, situé à Belvedèreweg, il combine un poteau métallique existant avec une assiette en céramique. Les flèches blanches invitent à faire le tour d’un rond-point, tandis que les couleurs émaillées appellent à la pause. On croirait un panneau en bleu de Delft avec un vieux moulin aux ailes tournantes. Ce panneau de signalisation provoque-t-il un sentiment de désarroi, ou pouvez-vous continuer votre promenade sans souci ?
Au site Weide Spiereweg se trouve Nieuwbouw te koop (« Nouvelle construction à vendre »). Lorsqu’une telle annonce apparaît, la machine marketing des agences immobilières tourne à plein régime, les riverains sont souvent réveillés, et un potentiel acheteur oscille entre séduction et résistance. Une partie de sa pratique artistique traite du dialogue qui naît entre les spectateurs à la vue de l’œuvre. Une simple pancarte comme celle-ci suscite beaucoup de réactions, fait rêver certains et frissonner d’autres. Mais en tout cas, elle est un signe annonciateur de changement. Ou pas ?
LIEU / ŒUVRES D’ART
6. HOEK MOENSEWEG-DAELEWEG
In the middle of a doubt, 2025
Voiture sur le capot
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12. BELVEDÈREWEG
Delfts blauw verkeersbord, 2025
Céramique, glaçure et poteau de panneau de signalisation
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21. WEIDE SPIEREWEG
Nieuwbouw te koop, 2025
Bois, ferrures et impressions
Diane Marie Uwase
1993 (BE)

Diane Marie Uwase est une artiste autodidacte basée à Anvers, en Belgique, dont la pratique est ancrée dans le portrait allégorique. Son travail met fortement l’accent à la fois sur la ressemblance physique et les histoires personnelles de ses sujets. Ce processus se déroule de manière intuitive et immersive, souvent initié par des rencontres fortuites et approfondi à travers une ou plusieurs séances photo ainsi que des entretiens approfondis. Au cœur de la méthode d’Uwase se trouve le temps considérable qu’elle consacre à impliquer chaque individu, ce qui conduit à une compréhension profonde des pensées, réalités vécues et expériences.
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Par cette approche, elle explore un large éventail de thèmes — psychologiques, sociaux, culturels et autres — analysés à travers une perspective féministe critique. Chacune de ses œuvres vise à transmettre la complexité de l’identité, de la société et de la corporéité, présentant des récits nuancés et stratifiés qui s’opposent aux représentations simplistes.
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Pour Wat Was, elle présente une série de huit peintures, chacune encadrée dans des panneaux en forme d’arc, évoquant la forme et l’intimité d’une fenêtre. Ces œuvres invitent le spectateur à regarder en arrière. Vers des fragments de souvenirs, des identités estompées et les échos d’émotions lointaines.
Dans leur absence, les figures dans les peintures parlent de ce qui est perdu, mais ce qui demeure est riche des traces silencieuses d’un voyage. La forme humaine apparaît en ombres fugitives, non comme un objet de deuil, mais comme une réflexion du passage du temps. Chaque œuvre offre un aperçu de ce qui fut, à la fois un hommage délicat à ce qui s’est estompé et une reconnaissance silencieuse de la beauté dans la transformation.
LIEU / ŒUVRES D’ART
4. HOEVE DE RODE POORT
What Was - Voor wat was, 2025
Acrylique sur panneau
Koen Vanmechelen
1965 (BE)

Koen Vanmechelen est, en tant qu’artiste interdisciplinaire, l’un des penseurs les plus polyvalents de son époque. Dans son travail, il explore les frontières entre l’art, la science, la philosophie et la communauté. Éternel migrant, il parcourt le monde à la recherche de réponses aux questions fondamentales sur des thèmes intemporels mais hyperactuels tels que l’identité, la diversité, la mondialisation et les droits humains. Ces réponses, œuvres en cours, il les tisse en œuvres d’art énigmatiques et en projets. Ses quêtes et projets interdisciplinaires invitent les autres à collaborer pour créer une conscience et un mouvement au sein des communautés du monde entier. Ensemble, ils réfléchissent à l’héritage mondial de l’animal humain et explorent les différentes manières dont nous choisissons de vivre et d’évoluer ensemble.
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Mantle of Love, exposé à la Sint-Dionysius & Sint-Genesiuskerk, est un tigre couché empaillé, doté d’ailes en marbre noir. Comme on le sait, l’artiste travaille souvent de manière interdisciplinaire et repousse les limites entre art, science, philosophie et communauté. Éternel migrant, il parcourt le monde en quête de réponses à des questions fondamentales sur des thèmes intemporels et actuels tels que l’identité, la diversité, la mondialisation et les droits humains. Il tisse ces réponses en œuvres énigmatiques et projets visant à créer une conscience et un mouvement parmi les communautés du monde entier. Une créature magnifique et élevée, mais pas sans danger. Sous ces ailes pourrait se cacher la tigresse Champawat : blessée, traquée, poussée à l’extrême. Une tueuse. Dans les récits du chasseur de tigres Jim Corbett, ce n’est que rarement la nature de l’animal qui tue, mais la blessure infligée par l’humain. Le manteau d’amour ne couvre pas par compassion, mais par peur de voir ce qui fait mal, mord, déstabilise. Dans le silence sacré de l’église, ce recouvrement devient moral : camouflage plutôt que confrontation. Ce qui est couvert n’est pas remis en question. Mais c’est précisément là que réside le danger. Ce n’est pas l’instinct qui est mortel, mais le rituel qui refuse de le regarder en face. Qui couvre quoi, et pourquoi ?
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Rêver, c’est important. Partout dans le monde, les enfants doivent pouvoir rêver de leur avenir. Parfois, ils ont besoin d’un peu plus de soutien pour cela. L’artiste Koen Vanmechelen a créé pour cela La CosmoGolem. À 17 ans, Vanmechelen a réalisé un Cosmogolem, une immense sculpture en bois. En réalisant cette œuvre, Koen s’est senti bien et s’est mieux connu lui-même. Ce sentiment, il souhaite le transmettre à tous les enfants pour qu’ils puissent rêver. Et découvrir ce qu’ils veulent et qui ils sont.
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C’est pourquoi la CosmoGolem a une tête ouverte. Avec une tête ouverte, on peut penser ce que l’on veut. La Cosmogolem n’a pas d’expression sur son visage ; elle ne rit pas, ne pleure pas, n’est ni en colère, ni effrayée, ni folle. Avec cela, Vanmechelen veut montrer que tout ce que tu penses, ressens et souhaites pour l’avenir est possible. Tu es totalement libre de penser et de réfléchir à ce que tu veux, et d’imaginer à quoi tout cela ressemblera. Tu es libre de créer de nouvelles idées ; cela s’appelle la créativité. La CosmoGolem aime recueillir de nouvelles idées, des rêves et des expériences. Avec ses grandes mains, elle aide là où elle peut. Ses grands pieds lui assurent une stabilité pour que tu puisses t’appuyer sur elle. Ainsi, elle voyage pour aller à la rencontre de tous les enfants du monde.
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT- GENESIUSKERK
Mantle of Love, 2024
Tigre empaillé, marbre noir
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7. DAELEWEG
CosmoGolem, 2025
Bois
Klaas Van der Linden
1986 (BE)

Klaas Van der Linden est un peintre belge. Il a commencé à l’âge de douze ans avec le graffiti et le street art, puis il a étudié les Arts Graphiques. Van der Linden a obtenu en 2014 son Master en Arts Graphiques à la LUCA School of Arts à Gand. Klaas Van der Linden réalise des fresques murales et des peintures.
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Sur le mur du Café Driwiski, il a créé la fresque KING 4 A DAY, FOOL 4 A LIFETIME. L’artiste choisit souvent des autoportraits nocturnes, des modèles à portée de main ou s’inspire de son environnement. Sous la lumière des étoiles, on pourrait contempler paisiblement ses scènes, composées avec des bombes de peinture et des pinceaux, comme dans une ornière.
LIEU / ŒUVRES D’ART
10. CAFÉ DRIWISKI
KING 4 A DAY, FOOL 4 A LIFETIME, 2025
Peinture sur mur
John Van Oers
1967 (BE)

Le sculpteur John Van Oers oscille avec ses sculptures entre légèreté et lourdeur. Ses « notes » sont ludiques, de nature variable et naissent de l’expérience de l’immédiat. Des objets du quotidien sont soumis à une stylisation et leur potentiel plastique est exploré. Les œuvres de Van Oers tendent vers l’abstraction, sans jamais y parvenir complètement.
Le choix des matériaux est aussi sincère que les sujets ; débarrassés de tout superflu, les matériaux naturels s’expriment dans toute leur simplicité. Ainsi, John Van Oers développe un vocabulaire personnel qui mêle des aspects autobiographiques à une pure esthétique.
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Le « jeu » avec la forme, le contenu et le matériau reste le moteur de son travail. Les sculptures scéniques, où l’architecture et le paysage jouent souvent un rôle central, invitent le spectateur à intervenir, poursuivant à son tour le « jeu » de l’artiste (imaginé ?). Le dialogue suscité entre le quotidien et l’esthétique est à la fois signifiant et chaleureux.
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La petite figure de l’œuvre COME TO ME mesure seulement 35 centimètres de haut, avec les bras tendus de manière invitante et un visage peint en blanc. Le corps est construit en bois récupéré et sur la cime repose une petite boule noire en plastique. Cette boule est une suggestion poétique : est-ce un nuage sombre ? Une relique ? Un étrange couvre-chef ? Dans le calme de sa présence se cache quelque chose de menaçant, quelque chose qui nous maintient à distance tout en invitant. Comme si la sculpture savait quelque chose que nous ne voulons pas encore savoir. John Van Oers remplace le saint familier, symbole d’innocence, de consolation et de dévotion, par un personnage ambigu et mystérieux. Reconnaissable et en même temps insaisissable. Cette petite sculpture fait osciller le sens, tâtonne, cache et révèle à la fois.
LIEU / ŒUVRES D’ART
5. KAPELLETJE & WEIDE MOENSEWEG
COME TO ME, 2025
Bois, métal, hardboard, plastique, peinture, crayon
Juliette Vanwaterloo
1993 (BE)

Juliette Vanwaterloo est une artiste activiste engagée dans des questions féministes, écologiques et décoloniales. Alors qu’une rhétorique de guerre et d’armement domine le discours quotidien dans les médias, elle construit un œuvre subtil mais indiscipliné. Jeune artiste, elle travaille assidûment à une dénonciation textile. Sa critique de notre société violente est dure et incisive, mais empreinte d’une grande douceur tactile.
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L’œuvre Tout cramer située à Waffelaert est composée de laine, acrylique, mérinos et mohair sur lin, et se présente sous la forme d’un tapis tufté à fort caractère sensoriel. Elle y représente une image que nous connaissons bien désormais via les médias : le monde semble en feu, des voitures de police vont et viennent, des voitures stationnées brûlent. Son travail s’invite au centre de l’espace et sur les murs sous forme d’installations immersives, qui s’étendent sur le chaos de l’actualité mondiale, abordé sous un angle social, migratoire, écologique et politique. Elle interroge ainsi la légitimité de la violence en marge ou pendant les manifestations.
Elle évolue volontiers dans la dualité entre village et ville et, avec La banque d’un monde qui brûle - Bancontact à Goet Te Breuck, s’est inspirée des façades de bâtiments comme le distributeur automatique de billets à Sint-Denijs. Bancontact est en fait un système de paiement responsable du contrôle, du calcul et du traitement des paiements électroniques. Alors que le monde tend aujourd’hui fortement vers le transfert numérique, en ligne et mobile de petites et grandes sommes, la demande de points de retrait d’espèces reste néanmoins importante. L’argent tangible en circulation peut être physiquement saisi. Les pièces et billets restent un moyen de paiement accessible. Pourtant, lors des manifestations dans les grandes villes, ces distributeurs ont souvent été détruits, les rendant inutilisables. Il est frappant de constater que ce sont souvent les deux grands symboles qui sont visés lors des manifestations : les banques et la police.
LIEU / ŒUVRES D’ART
8. WAFFELAERT
Tout cramer, 2024
Tapis tufté en laine, acrylique, mérinos, mohair et lin
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​15. GOET TE BREUCK
La banque d’un monde qui brûle + Bancontact, 2023
Patchwork et broderie à la machine à coudre, utilisant laine, acrylique, coton, organza et fil à coudre
Loïc Van Zeebroek
1994 (BE)

Loïc Van Zeebroek est un peintre qui élargit notre regard, tant sur la peinture que sur le paysage et les choses qui nous entourent. À première vue, tout dans ses tableaux est reconnaissable, mais ce qui est représenté n’est pourtant pas ce qu’il semble être. Le souvenir du paysage de son enfance, la Schelde, est réinterprété par l’artiste, sans jamais tomber dans une nostalgie fade. Ses peintures invitent à un regard lent, comme lors de promenades dans la nature où l’on cherche à recueillir autant d’impressions sensorielles que possible. À partir du familier, ses œuvres stimulent nos souvenirs et nos rêveries.
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L’œuvre Untitled est un diptyque composé de grandes toiles mesurant chacune 180 par 200 centimètres. Sur la partie gauche, apparaît une référence au paysage de Sint-Denijs, tandis que sur la partie droite un rideau vert masque des tentatives sous-jacentes de peinture. Ce travail est le fruit d’un équilibre entre la recouverte et la conservation d’impulsions et d’idées.
LIEU / ŒUVRES D’ART
5. KAPELLETJE & WEIDE MOENSEWEG
Untitled, 2025
Huile sur toile
Dauwens & Beernaert gallery
Robin Vermeersch
1977 (BE)

Robin Vermeersch travaille avec divers médias. Ses sculptures, peintures et dessins nous présentent un monde cellulaire à la fois existentiel et cosmique. Le spectateur peut aborder ces œuvres de plusieurs façons : les considérer comme des sculptures et peintures autonomes qui fonctionnent individuellement, ou bien les voir dans une plus grande cohérence où chacune prend un sens différent pour former ensemble un univers déconcertant.
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Le travail de Vermeersch fait subtilement référence à la réalité qui nous entoure, sans en être une représentation réaliste. Il évoque simplement le monde que nous connaissons. Il se concentre sur les nuances, sur les détails. Vermeersch les amplifie, en explore les limites, et crée quelque chose de totalement nouveau à partir d’eux. Le reconnaissable est démantelé puis recomposé. Un nouvel ensemble émerge de ces détails.
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Les sculptures Daisy, situées à Voortuintje, sont des assemblages de formes empruntées et retravaillées, tirées de la nature, du corps humain, et de formes réelles telles que les plantes grasses. Ici, la réalité et son imaginaire se rencontrent. Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui est dérivé ?
Les socles des œuvres en céramique à Weide Staande Wip font partie intégrante des sculptures et en sont le support, tout en constituant un clin d’œil à Constantin Brancusi et aux modernistes. Les œuvres semblent découpées puis réordonnées en une nouvelle forme. La forme de l’œuvre continue d’évoluer avec la croissance des plantes, restant ainsi en perpétuel mouvement. Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui est dérivé ?
LIEU / ŒUVRES D’ART
18. VOORTUINTJE
Daisy, 2018
Époxy, polyester acrylique, acier
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20. WEIDE STAANDE WIP
Haute levée, 2022
Céramique, bois, plantes, peinture à l’huile
Au bon coin, 2022
Céramique, bois, plantes, peinture à l’huile
Odelay, 2022
Céramique, bois, plantes, peinture à l’huile
Tinus Vermeersch
1976 (BE)

Tinus Vermeersch combine dans ses peintures, dessins et sculptures des techniques anciennes et des savoir-faire traditionnels avec un langage visuel très personnel. Par son œuvre, il crée un univers irréel plein de contrastes qui séduit et trompe le spectateur.
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Sans titre (Hooimijt) dans le Jardin de la Respiration et de la Nourriture est un souvenir solitaire d’un passé rural (idéalisé), où jusqu’à récemment, les champs d’été étaient couronnés de meules de foin temporaires. Il ne faut qu’une génération pour oublier à quoi ressemblait le paysage pendant des siècles. Introduite dans un contexte d’exposition et par des interventions sculpturales subtiles, la construction évoque de nouvelles associations qui dépassent sa fonction originelle (le séchage du foin).
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Untitled est un ornement architectural en terre cuite sur le mur du lieu Hoeve Brucqtraat, où l’on peut ressentir son affinité pour l’artisanat dans l’exploration des formes et des lignes. Souvent, l’artiste combine dans toutes ses œuvres anciennes techniques et langage visuel personnel. Il crée un univers irréel plein de contradictions qui séduit le spectateur, tel un « trompe-l’œil », un médaillon, une cheminée, une pièce de décoration modeste. Il montre une certaine attache à ce qui est familier : « Tinus Vermeersch ne court donc pas, ni derrière une modernité hypothétique, ni derrière ses grands prédécesseurs flamands, ni même derrière sa propre imagination. Il donne tranquillement forme à ce que son subconscient lui dicte. Lentement, soigneusement, intensément. Et à chaque étape, il est guidé par son instinct. »
LIEU / ŒUVRES D’ART
17. TUIN VAN ADEM EN ETEN
Zonder titel, 2025
Bois, foin, corde, pierre
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​​14. HOEVE BRUCQSTRAAT
Untitled, 2025
Céramique
Klaus Verscheure
1968 (BE)

Klaus Verscheure est artiste plasticien et réalisateur, il se définit comme un chroniqueur.
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L’installation vidéo San Sebastian s’inspire de l’histoire du Nouveau Testament, dans laquelle Sébastien défend les faibles et devient lui-même victime du pouvoir en place. Soldat romain, il devait participer à la persécution des chrétiens, mais étant lui-même devenu chrétien, il décida de cacher d’autres chrétiens pour les protéger de la répression. Lorsque ses compagnons de l’armée romaine découvrirent cela, il fut condamné à mort et transpercé de flèches. L’homme fut canonisé et devint le saint patron des archers, chasseurs, soldats et pompiers. Dès la Renaissance, la scène de l’homme transpercé de flèches devint un sujet favori des peintres. Aujourd’hui encore, Saint Sébastien reste une icône lorsqu’il s’agit de représenter un beau corps masculin. L’image du martyr est devenue l’emblème de ceux qui résistent à la « norme normale » et un symbole du courage de tous ceux qui défendent leurs convictions. Pourtant, il semble qu’à chaque opinion exprimée, quelqu’un soit vite prêt à faire taire l’autre.
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Pour Klaus Verscheure, cette œuvre est l’occasion de questionner la fascination de l’humain pour la violence, tout en le défiant à travers un dilemme éthique. Ici, vous avez en effet la possibilité de tirer vous-même une flèche (virtuelle) dans le corps du personnage représenté, un homme nu attaché à une souche d’arbre. À quelques mètres de l’écran se trouve une colonne avec un bouton-poussoir. En appuyant sur ce bouton, une flèche numérique est tirée dans le corps de la victime. Ou pas ?
LIEU / ŒUVRES D’ART
2. SINT-DIONYSIUS & SINT- GENESIUSKERK
SAN SEBASTIAN, 2025
Installation vidéo, dimensions variables
Katleen Vinck
1976 (BE)

Katleen Vinck est artiste plasticienne vivant et travaillant à Anvers. Dans son travail, elle relie les caractéristiques de la sculpture, de l’architecture et de la scénographie. Elle utilise souvent des objets tridimensionnels.
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Ses œuvres sculpturales Dust to Dust ? (site Wijngaard) et A Thousand Years ? (site Café de France) trouvent leur origine dans son extrême fascination pour l’architecture. Les fondations architecturales sont souvent les derniers vestiges impérissables de civilisations longtemps disparues. Ce que Vinck souhaite montrer, ce n’est pas la perte, mais la beauté de ce qui est temporaire. Son travail est plutôt futuriste que post-apocalyptique.
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Tout se transforme au fil du temps en quelque chose de nouveau. Les sculptures sont rarement des constructions achevées ou des monuments uniques, mais elles évoquent plutôt ce moment translucide et insaisissable de la transformation. Elle travaille avec l’essence d’éléments architecturaux archétypaux, qui fonctionnent à la fois comme vestiges et comme nouveaux commencements.
À partir de son archive d’images de constructions existantes et de phénomènes naturels, Katleen Vinck a développé deux sculptures qui font référence à la fois à des ruines, bunkers, vestiges mégalithiques ainsi qu’à la science-fiction et à l’architecture brutaliste. Elles archivent, reconstruisent et déforment simultanément. Elles connectent différents lieux et strates temporelles, tout en conservant la fonction de mémoire ou de souvenir des formes originelles.
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Les deux œuvres, Dust to Dust ? et A Thousand Years ?, font partie d’une recherche sur la transformation ; sur les hybrides entre nature et construction, et sur la frontière entre architecture et sculpture. Les structures sont stockées, analysées et reconstruites — oscillant entre reconnaissable et insaisissable. Des formes flottantes se détachent de leurs fondations architecturales et acquièrent l’autonomie d’une sculpture. Tous les composants de ces œuvres suggèrent changement, croissance et agilité.
LIEU / ŒUVRES D’ART
13. WIJNGAARD
Dust to Dust ?, 2023
Staal, acrylhars, cement, verf, polystyreen
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​​25. CAFÉ DE FRANCE
A Thousand Years ?, 2025
Staal, acryl hars, cement, verf, PU
Tom Woestenborghs
1978 (BE)

Tom Woestenborghs est un artiste visuel qui utilise l’image photographique comme base pour ses collages. Il collecte et archive principalement par ses propres photographies, mais utilise également des images tirées de magazines, de vidéos et d’Internet.
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Lorsqu’un artiste sort une image de son contexte pour en faire une œuvre d’art, il a une intention derrière cela. En tant qu’artiste, il remet en question une problématique sociétale.
Le travail de Woestenborghs semble photographique, mais il s’agit en réalité de collages composés de différentes images, construits à partir de multiples couches de film plastique autocollant. Formé comme peintre, Woestenborghs est passé au film plastique car ce matériau offre un effet plus lumineux que la peinture. Il présente ses collages à la fois comme des « peintures » mais aussi sous forme de caissons lumineux.
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L’œuvre Artificial Landscaping montre un paysage dont le langage visuel fait référence aux jeux vidéo des années 80. C’est un collage composé de petits carrés évoquant les images vectorielles de l’époque, avec des lignes reliées par des points d’ancrage. L’artiste cherche ainsi à créer, avec un minimum d’éléments visuels, un paysage aussi esthétiquement plaisant que possible.
LOCATIE / KUNSTWERKEN
4. HOEVE DE RODE POORT
Artificial landscaping, 2025
Collage en film plastique sur caisson lumineux.
